Tomoaki

Il s’agissait de deux collines, deux grandes collines qui se rejoignaient. Il n'y avait pas d'herbe, pas d'arbre, ni rivière ni fleuve. Seulement d'étranges traits parallèles sur ce sol. Il se lève et marche, tête baissée pour comprendre ces motifs: on dirait un texte. Il avance et lorsqu'il arrive dans la vallée, là où l'autre colline débute, il voit une ombre derrière lui. C'est sûr qu'un pan entier de colline qui se lève au dessus de soi, son ombre est plutôt étendue... Il court pour échapper à cet étrange ennemi mais arrivé de l'autre coté de la colline, rien. Le vide, un abîme sombre et qui pourtant est plutôt tentant face à la masse qui va bientôt s'effondrer sur lui. Il saute et...

Et la réception s'avère être plutôt catastrophique quand il se retrouva nez à nez avec Marcelle Rouste, bibliothécaire de Bonta, lors de son réveil d'entre les livres.

« Mais tais-toi donc, tu es dans la bibliothèque ici! Espèce d'ignorant, tu n'as jamais appris à respecter le silence dans une bibliothèque! » lui cria le vieil hibou!

C'est vrai que Tomoaki, s'étant endormi entre des piles de livres divers et variés, n'avait pas vu le temps passer; et étant donné que la bibliothèque ne ferme jamais ses portes à ceux qui ont soifs de connaissance... Il se leva et s'excusa auprès du bibliothécaire et commença à ranger les livres éparpillés un peu partout.

Ce jeune Zobal avait une réelle passion pour la connaissance et l'instruction, pouvant ainsi passer de longues heures à lire sans entendre ni voir ce qui se passe autour de lui. Il tenait cette ferveur de sa mère, une Eniripsa ayant passé toute sa vie à chercher d’anciens écrits oubliés ou de vieux parchemins poussiéreux après être partie de l'Académie d'Amakna. Son père, un Sadida très calme, pour ne pas dire très très calme, l'amena à la Montagne des Craqueleurs lorsque son incarnation approchait pour rendre visite à un vieil ami masqué assez lunatique. C'est ainsi, la curiosité piquée à vif, qu'il demanda à devenir Zobal auprès de Sadida.

Il avait enfin fini de ranger les livres, le vieil hibou le regarda du coin de l'œil, toujours énervé de son précédent comportement, et soupira longuement avant de retourner à son bureau où gisait d’immensurables piles de livres... Tomoaki épousseta son chapeau et remis correctement sa cape avant de s'avancer vers la sortie quand le hibou l'interpella.

« Viens ici un instant, veux-tu? lui demanda t-il calmement.
Peut être même trop comparé à ses précédentes vociférations. Il était un Zobal et savait bien que changer de comportement d'un coup avait une raison...
-J'aurais une question plutôt indiscrète sur les membres de ta classe...
Un sentiment de mal aise et une foule de souvenirs revinrent à l'esprit de Tomoaki, il redoutait la question... Celle du pouvoir des masques que les bandits tentent par tous les moyens d'arracher du visages de leurs propriétaires.
-Est-il vrai que vous disposez d'un sort capable d'attirer une cible, simplement en sifflant dans un instrument? » lâcha t-il finalement.
Tomoaki, soulagé, ne put s'empêcher de rire avant de lui répondre que oui, il existait bien une technique capable d'attirer monstres et humains à l'aide de ce que l'on appelle un appeau. Le hibou s'excusa encore pour sa saute d'humeur et lui proposa de boire une tasse de café et quelques madeleines avec lui mais le Zobal dût refuser poliment avant de lui demander s'il connaissait une auberge où passer la nuit. Il lui répondit que ce n'est pas ce qui manqué à la Cité des Anges, mais que la plus proche était celle de la Bagrutte. Tomoaki le remercia encore et partit en direction de l'auberge.

Sur la route, un jeune Osamodas lui demanda s'il n'était pas par hasard cordonnier ou tailleur. Mais Tomoaki n'exerçait aucun métier si ce n'est parfois précepteur auprès de riches enfants de nobles familles, parfois de vieux Enutrofs cherchant la connaissance pour passer leur après-midi... L'Osamodas partit tête baissée, désespéré de ne pas pouvoir trouver un artisan digne de ce nom à une heure tardive.
Arrivé dans le bâtiment reconnaissable aux effluves de sueurs et d'aciers qui s'en échappe, Tomoaki s'assit à une table vide, commanda une bière et sortit un livre sur le Pandawushu comme accompagnement à sa boisson. Puis, il remarqua qu'on le fixait. D'un regard qu'il connaissait trop bien: celui d'un Roublard. Celui-ci se leva et approcha près du Zobal qui referma calmement son livre, finit calmement sa bière et le Roublard s'arrêta à la vue d'une épée portée à la ceinture que Tomoaki dévoila, toujours calmement, précepte de son cher père aujourd'hui à la retraite avec sa femme dans la forêt des Abraknydes.
Le Pandawushu et ses différents styles martiaux pourraient bien être utiles car le Roublard s'élança d'un coup, Tomoaki dégainant aussi. Mais il ne pouvait pas se lever: quelque chose lui bloquait les bras.
Puis, un batôn vola en direction du bandit. Un Féca au bout de ce fameux batôn, un sourire au coin des lèvres.

« Bon vous deux, lança t-il, vous allez vite fait partir de là où ça va chauffer pour vos miches! » lança t-il en direction du dos du Zobal qui sentit qu'on le libérait: un Sram le tenait dans le dos pour que le Roublard puisse l'éliminer sans problème.
Ils prirent leurs jambes à leur cou et s'enfuirent avant que le Féca eut le temps de brandir son arme de nouveau.

Puis des chuchotements parcoururent la salle: « Balèze... », « Mercenaire redoutable... », « Quel classe! » pendant qu'il payait sa consommation, s’avançât vers le jeune Zobal toujours impressionné de la rapidité du Féca qui lui tapa amicalement l'épaule et sortit de l'auberge. Quelques heures plus tard, Tomoaki n'était pas encore remis de ses émotions: il voulait en savoir plus sur cet homme, le remercier et en savoir plus sur ce « mercenaire » qu'il avait l'intime conviction de connaître...

L'aubergiste lui expliqua qu'il s'agissait d'un groupe de guerriers travaillent ensemble avec des aventuriers qui leur déposent des contrats de travail.

« Ils peuvent aussi bien tuer un monstre pour eux que de les accompagner dans un territoire dangereux. Ouais, ces gars-là, ils sont droits, forts et solidaires entre eux... » ajouta-il pour appuyer ces dires...

Alors, c'est ça être mercenaire? Travailler ensemble dans un même but: pouvoir gagner sa vie honnêtement et voyager à travers le pays? Et pourquoi pas lui? De plus, ils doivent forcément avoir des récits à lui raconter, des parchemins sur les mercenaires qu'il ne connait pas!

« Mais si ça t'intéresse, va donc déposer ta candidature à Astrub! dit l'aubergiste qui devinait déjà la prochaine question de Tomoaki.
-Le Féca était venu annoncer qu'ils recrutent du monde, chez... les Eldrigans, qu'ils s'appellent... » dit-il en tapant du poing la paume de son autre main.

Le lendemain, on vit un Zobal vêtu d'un chapeau et d'une cape pourpre enfourcher une dragodinde et partit vers Astrub, des sacoches remplient de livres, un parchemin fraîchement rédigé à la main et le cœur emplit de joie à l'idée de découvrir ce qui pourrait peut être changer sa vie.

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Note ajoutée:

Après avoir trouvé une place sur le panneau de recrutement, il accrocha la sienne et vit que cela été bon. Il sortit un livre sur la légende du Crocoburio et s'adossa à un arbre devant la maison des Mercenaires, perdu dans sa lecture...
"Il y a bien longtemps vécurent les Crocodailles..."

Eldrigans,

Si je dépose cette candidature, et j'oserais même dire que
Si je souhaite devenir un mercenaire Eldrigan, c'est dans l'ultime but
D'acquérir un maximum d'expérience et de connaissance;
Le mercenariat permet de voyager, de découvrir contrées et peuples
Qui me sont encore surement inconnus.
Mais mon impatience étant mon plus grand défaut,
Je me permet reprendre les différentes raisons de cette candidature:

Ayant dévoré votre bibliothèque,
-Je suis un véritable rat de bibliothèque, on me dit même parfois être un rat Bajoie-
Je dois vous avouez sincèrement que vos biographes et vos historiens
Ont su mettre en avant toutes les qualités de votre clan.
Vos engagements auprès de vos codes et de votre philosophie m'ont plu et
J'en ressent comme une reconnaissance vis-à-vis de mon propre credo:
Demeurer impartial et neutre pour résoudre efficacement un problème.

Je ne pense pas apporter quelque chose de nouveau dans votre clan,
Si ce n'est deux bras, deux jambes et une tête bien remplie:
Je suis un passionné de lecture et d'écriture en tout genre et il m'arrive parfois
De ne pas répondre, c'est que je suis plongé dans un livre.
Voici donc un atout que je voudrais offrir: celui de greffier
Lors d'éventuelles réunions, assemblées ou rassemblements qui en nécessite.

Je sais néanmoins en tirer profit pour mes connaissances pour mon travail
qui se doit d'être bien mené, honnête et bénéfique à mon entourage.

Voici, Clan Eldrigan, ma candidature pour vous rejoindre,

Remerciant votre attention.

Tomoaki

Cela faisait des mois qu'Ayras n'avait pas mit les pieds dans cette salle.

-… Rien n’a changé après tout ce temps… Toujours tout propre avec de nombreuses candidatures.

Après avoir repris une petite bière d’Astrub :

-Allez, c’est partie ! Première candidature !

Tous les passants pouvaient apercevoir qu’Ayras lisait la candidature avec passion et qu’elle ne fît aucune pause.
Après avoir lut la dernière ligne, elle prit sa plume de kwak de feu.

Tomoaki.

Je vais parler de ta candidature.
Sache que tu es la première candidature que je lis depuis longtemps. Je suis très heureuse de savoir que des personnes sont encore capables de faire de telle merveille.

Ce qui est même étrange, c’est que tu es l’un des seuls qui n’a pas eu une histoire trop dramatique.

Avec cette magnifique candidature, je ne pas retenir ma plume en écrivant ce « POUR ».
J’espère que mes confrères penseront la même chose en lisant t’as candidature.

Ayra’

Le candidat étant devenu Mercen'Herbe, je le félicite et archive sa candidature.